Le retour des chefs-d’œuvre de Miyazaki sur grand écran
Y a-t-il un cinéphile à Paris qui n’a pas vibré devant le train flottant de Le Voyage de Chihiro, ou retenu son souffle avec le survol de Porco Rosso au-dessus de l’Adriatique ? Le studio Ghibli et Hayao Miyazaki font partie du patrimoine émotionnel de toute une génération. Et bonne nouvelle : une grande rétrospective Ghibli est de retour à Paris en ce moment. L’occasion rêvée pour (re)découvrir les monuments de l’animation japonaise sur grand écran, comme ils le méritent vraiment.
Mais où aller pour voir du Miyazaki dans de bonnes conditions ? Quels cinémas jouent le jeu sérieusement, avec VO sous-titrée et séances bien calées ? Tour d’horizon des meilleures salles parisiennes où planer quelques heures avec Totoro, Nausicaä ou Mononoké.
L’Institut Lumière au Forum des Images : le feu d’artifice
Depuis la mi-mars 2024, le Forum des Images (dans le Forum des Halles, Paris 1er) s’est associé à l’Institut Lumière pour une programmation exhaustive des œuvres du maître japonais, intitulée Hayao Miyazaki, voyage dans l’onirisme. Presque tous les films du réalisateur sont projetés en version restaurée, en VO ou en VF, souvent plusieurs fois par semaine. Les week-ends, il n’est pas rare de retrouver la salle 500 pleine à craquer, du quinqua nostalgique à la petite fille équipée de son Totoro en peluche.
Cerise sur le mochi : des conférences, rencontres avec des universitaires spécialistes de l’animation japonaise, et même des projections commentées par des critiques de cinéma. Une immersion totale. Prix accessible : entre 5 et 9€.
Le Grand Rex : les classiques en mode XXL
Ghibli au Grand Rex, c’est un peu comme déguster un sushi dans un palace japonais. La programmation n’est pas régulière toute l’année, mais plusieurs cycles ponctuels permettent de revoir les grands classiques en très très grand. À surveiller de près : les “Ciné-concerts” annoncés autour de Princesse Mononoké ou Le Voyage de Chihiro, avec orchestre live. L’expérience est immersive, l’émotion quasiment garantie.
Niveau billetterie, les places partent vite, mais on peut en obtenir à partir de 12€ si l’on s’y prend tôt. À suivre sur le site officiel du Grand Rex, ou via les réseaux sociaux de l’événement.
MK2 Bibliothèque : la régularité du rendez-vous animé
C’est l’une des adresses les plus fiables pour tout amateur d’animation japonaise. MK2 Bibliothèque (Paris 13e), souvent en partenariat avec Eurozoom ou Wild Bunch, propose en rotation plusieurs films du studio Ghibli. Dans leur programme “Ghibli en continu”, on retrouve régulièrement Mon voisin Totoro, Kiki la petite sorcière ou Le Château ambulant, souvent en VO, parfois avec une présentation avant séance.
L’avantage ? Le confort des fauteuils, les nombreuses salles et les horaires élargis. Sans oublier la salle indépendante attenante qui accueille parfois des expositions temporaires autour de l’animation. Tarifs réduits à 7,90€ pour les moins de 26 ans.
UGC Ciné Cité Les Halles : acces direct, mais attention aux VF
Situé au cœur du centre commercial, l’UGC des Halles est probablement le cinéma avec le plus grand volume de séances à Paris. Bonne nouvelle : il ne manque jamais les rendez-vous Ghibli, surtout lors des ressorties estivales ou quinquennales du studio. Moins bonne nouvelle : les films sont souvent programmés en VF uniquement, sauf quelques rares exceptions en soirée.
C’est donc une bonne option pour les familles ou les spectateurs occasionnels, mais les puristes préfèreront aller ailleurs. À noter : les nouvelles restaurations 4K permettent de revisiter des films anciens avec une précision d’image bluffante, même sur les copies doublées.
Le Quartier Latin aime Miyazaki aussi
Le ciné-circuit indépendant du Quartier Latin ne pouvait pas passer à côté d’un tel monument. Le Reflet Médicis (5e), le Champo (5e également) ou le Studio Galande proposent parfois des cycles Ghibli un peu plus underground. Ici, les projections s’accompagnent parfois de débats, d’ateliers pour enfants ou de discussions post-séance autour d’un thé matcha proposé maison.
Exemple concret : le Champo relance cette année sa « Nuit Ghibli », un marathon de trois films entre 20h et 2h du matin, avec bento offert à l’entracte. Ambiance intimiste garantie. Attention : places très limitées (une centaine), réservation indispensable.
Le nouveau venu : le Grand Action s’y met aussi
Le Grand Action, dans le 5e arrondissement, traditionnellement plus orienté cinéma classique et patrimoine français, s’est récemment mis à rattraper son retard sur l’animation nippone. Depuis mars 2024, il programme le samedi matin des séances “Découverte Ghibli” pensées pour les enfants… mais où les adultes ne s’ennuient pas une seconde.
Retour de Ponyo sur la falaise et de quelques films plus confidentiels comme Le Château dans le ciel. Une belle opportunité de découvrir les œuvres de Miyazaki dans un cadre calme, sans pop-corn à foison.
Et à la télévision ?
Si vous ne pouvez pas vous déplacer dans les salles, sachez que Netflix continue de proposer l’intégralité du catalogue Ghibli (hors Le Garçon et le Héron). Bonne qualité d’image, VOST disponible. Mais, avouons-le : rien ne remplace la magie du grand écran et les réactions de la salle quand le Sans-Visage prononce ses premiers mots.
Arte a également diffusé dans les années passées plusieurs documentaires sur Hayao Miyazaki et Isao Takahata. Vous pouvez en retrouver des extraits sur arte.tv.
Quelques dates à cocher dans votre agenda 2024
- Du 20 mars au 30 juin 2024 : Rétrospective Miyazaki au Forum des Images.
- Samedi 6 avril : Nuit Ghibli au Champo (Paris 5e).
- À partir du 15 mai : ressortie du Voyage de Chihiro en 4K restaurée dans plusieurs salles UGC et MK2.
- Tout l’été : cycle Ghibli au MK2 Bibliothèque avec séances pour les plus jeunes.
Et les enfants dans tout ça ?
Beaucoup de films du studio Ghibli sont accessibles aux plus jeunes, mais tous ne s’y prêtent pas. Pour initier un enfant de 5-6 ans, privilégiez Mon voisin Totoro ou Ponyo, très colorés et traversés par une douceur bienveillante. Le Voyage de Chihiro, bien que magnifique, peut effrayer les plus sensibles (les parents se rappellent tous du premier passage aux bains publics…).
Les séances jeune public au MK2 ou au Grand Action proposent souvent une introduction pédagogique de 5 minutes avant la projection, pour contextualiser le film. C’est un vrai plus.
Pourquoi retourner voir Miyazaki au cinéma en 2024 ?
Parce que le cinéma d’Hayao Miyazaki est l’un des rares à mêler écologie, poésie, politique et aventures sans jamais tomber dans la morale facile ou le cliché. Parce que ses films parlent du monde tel qu’il est, et de celui qu’on pourrait rêver. Parce que redécouvrir Le Château ambulant sur écran géant alors que les moteurs ronronnent et que les paysages défilent, c’est se rappeler pourquoi on va encore au cinéma en 2024.
Et surtout, parce que la rétrospective actuelle pourrait bien être la dernière avant un long moment. Le maître vieillissant, le studio en reconversion, l’industrie de l’animation elle-même en plein changement – rien ne dit que l’on reverra un tel alignement des planètes avant longtemps.
Alors on y va, on s’installe tranquille, on éteint son téléphone et on se laisse embarquer. À la japonaise.
— Par Théo Martin
