Une ferme en pleine ville, vraiment ?
Oui, parfaitement. À deux pas de Paris, dissimulée derrière les grilles du parc de l’École nationale vétérinaire d’Alfort, une ferme pédagogique bat son plein. Un vrai petit écosystème à seulement quinze minutes de la Porte de Bercy. Ici, on entend plus les bêlements que les klaxons. Et ça fait du bien.
Ce ne sont pas les enfants qui diront le contraire. Car dès les premiers pas dans l’enclos, les marmots sont happés. Lapins angoras, biquettes affectueuses, poules rebondies, cochons potelés… Ils sont tous là, en chair, en poils et en plumes. Et ils ne se la jouent pas stars de parc animalier : ici, pas de vitrine, pas de mise en scène. Juste des animaux dans leur habitat quotidien. Et ça change tout.
Une initiative pensée pour (ré)éduquer au vivant
Créée en 1989 par l’École vétérinaire, la ferme pédagogique de Maisons-Alfort a une mission bien précise : reconnecter les urbains à la réalité animale. Pour le dire autrement, montrer que le lait ne vient pas d’un frigo, mais bien d’une vache ou d’une chèvre. Et que soigner un animal, ça commence par apprendre à le comprendre.
L’endroit accueille chaque année près de 20 000 visiteurs, dont une majorité d’écoles, de centres de loisirs et de familles parisiennes. Une fréquentation qui en dit long sur l’envie de nature des citadins. Ici, pas besoin d’aller jusqu’en Sologne pour caresser un mouton ou assister à la tonte d’un alpaga.
Mais au-delà de la visite libre, la ferme propose aussi des ateliers encadrés par des animateurs naturalistes. Observation des races, sensibilisation à l’alimentation animale, fabrication de beurre ou soin des petits pensionnaires : tout est pensé pour apprendre en touchant, en sentant, en testant.
Des races locales, des gestes ancestraux
Un autre atout de la ferme, c’est son engagement dans la préservation des races menacées. Ici, on ne croise pas des animaux standardisés. Au contraire : entre la vache bretonne pie noire, le cochon noir de Bigorre et le mouton d’Ouessant, on fait un tour de France rural en miniature.
Cela permet aux guides d’expliquer pourquoi ces races rustiques ont aujourd’hui toute leur place dans une agriculture raisonnée. On parle biodiversité, impact environnemental mais aussi transmission des savoir-faire. Et quand un animateur sort ses ustensiles pour apprendre aux enfants à traire une chèvre ou à brosser un poney, les sourires sont au rendez-vous.
Un dimanche matin, on a croisé Julie, maman parisienne du 12e, venue avec son fils Léo, 6 ans : « C’est la première fois qu’il touche un cochon. Il était persuadé que c’était tout doux comme dans les dessins animés. Il a été surpris ! Maintenant il me demande si on peut troquer ses figurines contre une vraie poule… »
Un bol d’air… à dix minutes du périph’
Située sur le site historique de l’École vétérinaire de Maisons-Alfort, la ferme est accessible en direct par la ligne 8 (station « École vétérinaire de Maisons-Alfort »). Une sortie qui ne nécessite donc pas de voiture ni d’organisation logistique millimétrée. On y va pour une demi-journée, sac sur le dos, et ça roule.
À l’intérieur, la visite est libre et entièrement gratuite. Mais attention, la ferme n’est pas ouverte tous les jours. Les horaires varient selon la saison (voir plus bas pour les infos pratiques). Et pour avoir la chance de participer aux ateliers, il vaut mieux viser les mercredis et week-ends, hors vacances scolaires.
Ce qui frappe aussi, c’est la tranquillité du lieu. Même avec des groupes d’enfants, on reste à l’écart du bruit de la ville. Et quand les bruits ambiants, ce sont les caquètements des poules ou les sabots du minuscule âne corse, on comprend vite qu’on est ailleurs.
Un lieu pédagogique mais pas moralisateur
On pourrait craindre une approche un peu culpabilisante, façon « vous les urbains, vous avez coupé tout lien avec la nature ». Mais pas du tout. Ici, pas de leçon de morale. L’équipe veille à transmettre des connaissances, pas des injonctions. On apprend en manipulant, en observant, en échangeant. Et ça fonctionne.
Lorsqu’on interroge Nicolas, animateur depuis 5 ans sur le site, il résume l’approche : « On veut que les enfants repartent avec une idée claire : un animal, ce n’est pas un jouet. Il faut en prendre soin, et surtout comprendre ses besoins. Le respect du vivant, ça passe par là. »
Pas étonnant donc que certains enseignants fassent du lieu une visite régulière. C’est le cas de Claire, professeure des écoles dans le 11e, qui ramène sa classe tous les ans : « C’est un moment fort pour les élèves. Ils retiennent plus d’informations ici en une matinée qu’en un mois de cours en salle. »
Les infos pratiques à connaître avant de venir
- Accès : Métro ligne 8 – Station « École vétérinaire de Maisons-Alfort »
- Horaires : De septembre à juin : mercredi, samedi et dimanche de 13h30 à 17h. En juillet : tous les jours sauf lundi, même horaires. Fermée en août.
- Tarif : Gratuit en visite libre. Les ateliers pédagogiques peuvent nécessiter une inscription en amont via l’École vétérinaire.
- Animaux visibles : chèvres, moutons, vaches, âne, cochons, lapins, poules, canards, oies, pigeons, etc.
- Équipements : Toilettes et points d’eau sur place. Prévoir des chaussures adaptées (et pas blanches).
Pourquoi on y retourne, encore et encore
Parce que c’est simple, direct, vrai. Pas de marketing mielleux, pas de peluches en boutique souvenir. La ferme pédagogique de Maisons-Alfort, c’est du concret. Et dans un monde saturé de virtuel et de sur-stimulation, passer une heure à observer un lapin manger une carotte, ça remet les compteurs à zéro.
C’est aussi un lieu rare : accessible sans voiture, gratuit, éducatif et inclusif. Pas seulement pour les enfants d’ailleurs. Les adultes, souvent déboussolés par les grands changements environnementaux, y trouvent aussi de quoi se réfléchir. À notre rapport au vivant. À notre façon d’habiter le monde.
Alors, la prochaine fois que vos enfants s’ennuient un dimanche après-midi, évitez le centre commercial ou le dernier film d’animation. Mettez-les plutôt devant un mouton d’Ouessant. Il n’a pas besoin de Wifi, mais il envoie pas mal de signaux.
Et vous verrez que parfois, un bêlement vaut mieux qu’un long discours !
